Et si, enfin, c’etait le regard des autres filles qui comptait le plus ?

October 27, 2022 qualitasgepl 0 Comments

Et si, enfin, c’etait le regard des autres filles qui comptait le plus ?

Par Tifenn Duchatelle

S’habiller pour plaire. a qui ?

Choisir votre vetement le matin, oui, mais pour qui ? Pour soi-meme ? Pour un homme ? Et si, enfin, c’etait le regard des autres filles qui comptait le plus ? Analyse et temoignages.

Par Tifenn Duchatelle

Scene une « vie conjugale »

Scene de la « vie conjugale ». Dans votre grand magasin parisien, une jeune femme en pleine crise de doute : robe babydoll ou jean extralarge ? En assistant zele, le fiance tranche : la jupe ! Un quart d’heure apri?s, les memes a la caisse avec. le jean. L’avis du garcon ? Zappe. Un vent de rebellion feministe soufflerait-il chez des fashionistas ? Meme nullement. « Ca se marche bien le temps comme ca, resume J’ai vendeuse. Mes meufs demandent le avis a un fiance Afin de finalement Realiser exactement le contraire ! » La verite sort de la bouche des vendeuses. Si nous sommes capables de courir l’equivalent du Marathon de New York pour tomber sur « le » bon jean ou si, chaque matin ou presque, un drame se joue devant le miroir, ce n’est nullement concernant le bonheur visuel du male. Ou si peu. « Une femme s’habille pour plaire. Mais pas forcement a toutes les hommes, constate le psychiatre Samuel Lepastier. En fait, elle ne s’habille gui?re pour draguer quelqu’un en particulier, mais Afin de seduire habituellement. »

Seduire qui ? En theorie : elle-meme

Seduire qui ? En theorie : elle-meme. Et en fonctionnel : les meufs ! Amies, ennemies, voisines, passantes, quelle que soit, inconsciemment, dans le cerveau, ca fera tilt : fille egale rivale. Et. meilleur instrument de mesure de notre degre de seduction : « Si une fille me fait un compliment via la facon dont j’habite habillee, je chope ca mille fois plus flatteur que si ca vient d’un mec, constate Chloe, 26 annees. En fait, un compliment venant d’un garcon, j’ai trouve ca presque louche. Je ne peux pas m’empecher de penser que j’habite habillee tel une pouffe, que ma jupe est trop courte ou mon T-shirt trop decollete ! » En revanche, le regard d’envie d’une congenere concernant une derniere paire de ballerines Olivier Jacobs suffira a embellir la journee. « L’autre fille joue le role de miroir et claque de se sentir seduisante ou encore habillee doit forcement se confirmer au sein d’ ses yeux », explique le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de « La Femme seule et le Prince charmant » (ed. Armand Colin). Une simple visite sur le web le confirme. On ne compte plus nos blogs mode ou nos filles en quete d’approbation feminine se mettent en scene dans leurs fringues, ni lessites pointus comme The Sartorialist ou Face Hunter ou les chasseurs (ou chasseuses) de looks mettent sur internet les photos de creatures dont l’allure leur a tape dans l’oeil, afin que chacune des fashionistas d’la planete puissent s’en inspirer. « Aujourd’hui, nous sommes constamment juges, reprend Jean- Claude Kaufmann. Vous devez etre tendance aussi Afin de aller chercher le pain ! Notre mecanisme est collectif : comme De surcroi®t outre personnes font de plus qui plus est d’efforts, ceci rend Notre competition tres ardue ! »

A peine franchie la a de son domicile

A peine franchie la a de son domicile, donc, on s’fait mater et on marche des autres au scanner. « Chaque matin, je peaufine la tenue, mais il suffira que je mette les pieds dehors afin que je tombe concernant une fille avec l’allure revee. Si je a un slim et mon blouson i  lacets notamment, ca ne rate jamais : je vais m’extasier devant une fille superfeminine en mini-robe ! A chaque fois, ca me rend dingue, je me dis “C’est exactement a ca que J’ai voulu ressembler !” » gemit Marie, 30 annees, en pleine quete de le moi ideal. La vie n’est gui?re facile : on souhaite i  chaque fois votre que porte la petite passante croisee dans un magasin. Ou dans la cabine commune, devenue quasiment inevitable au sein des boutiques depuis que la styliste Agnes b. l’a lancee au sein des annees 80. « C’est simple, il n’y a rien de resilier kasidie mieux pour vendre un vetement qu’une jolie fille qui l’essaie. Ensuite, toutes les clientes veulent la aussi chose ! » raconte Sonia, vendeuse dans une boutique du Marais. Pourquoi cet eternel besoin de « copiercoller » le look de une voisine ? « C’est bien l’effet miroir, explique Samuel Lepastier. S’offrir les vetements que porte une fille qu’on admire, c’est se glisser dans sa peau et se apporter l’impression d’etre aussi belle, bien foutueet desirable qu’elle. » D’ou l’enorme succes de la collection dessinee par l’icone fashion Kate Moss pour TopShop. Et la multiplication de partenariats ponctuels entre stars glam’ et marques de fringues grand public : H&M et Kylie Minogue, Mango et les soeurs Cruz, Penelope et Monica, ainsi,, soir en date, Lee Cooper et Lou Doillon.

Est-ce grave, docteur

Est-ce i  fond, docteur, cette facheuse tendance a emprunter le type d’une copine ou a se comparer sans cesse a toutes les meufs que l’on croise ? Faut-il y voir le signe inquietant d’un gros manque d’estime sans dire ? Que rarement : « On a l’ensemble de besoin du regard de l’autre, c’est comme ca qu’on se construit, tempere Samuel Lepastier. Apres, tout peut dependre du degre de dependance a ces regards. Y etre trop attachee cache souvent votre probleme avec la mere. J’ai premiere rivale, c’est i§a. Si le regard qu’elle a pose dans sa fille fut bienveillant, celle-ci n’aura aucune raison de douter de une capacitede seduction. En revanche, si la mere n’a nullement su faire de compliments, la, il peut y avoir 1 vrai deficit de confiance en soi. » Dans le livre « Notre Fille de sa tante » (Les Editions de l’Homme), la psychologue Veronique Moraldi va plus loin. Selon elle, porter de beaux vetements reste une maniere de reparer le narcissisme blesse ainsi que chercher au sein des yeux des autres la reconnaissance qu’on n’a pas vue au regard de sa propre maman. Mais, la bien, nuance : on ne s’habille nullement Afin de plaire ou taper dans l’oeil de l’integralite des filles. Juste pour celles de une tribu. Celles qui nous ressemblent ou a qui l’on espere ressembler. Notre « Kate Moss » du quartier se fiche de l’avis de sa voisine « girly » comme de son premier slim ! Pour Florence Muller, historienne et professeure a l’Institut francais en mode a Paris : « S’habiller permet de apporter un message sur soi-meme ainsi que se positionner dans la societe oudans un groupe. Mes marques ont la possibilite de ainsi faire office de passeport a l’ascension sociale, le vetement s’assimile aussi a un symbole de pouvoir. »

leave a comment